Preventech Consulting, spécialiste de la prévention et la gestion des risques psychosociaux, met en avant l’importance de la mise en œuvre d’une politique de qualité de vie au travail. Entre approche curative ou démarche préventive, les entreprises privées et organismes publics ont chacun leur manière d’aider leurs collaborateurs à mieux vivre au quotidien dans leur environnement professionnel.
Le système structuré du Canada donne l’exemple
Au Canada, qui fait figure d’exemple en matière de mieux-être et de la qualité de vie au travail, il existe depuis 2009 une norme « Entreprise en santé », et pour laquelle une quarantaine d’entreprises, tous types, secteurs et tailles confondus, ont obtenu leur certification.
Elle impose un certain nombre d’exigences liées aux quatre grands volets qui influent sur la santé des individus en milieu de travail :
• l’adoption d’habitudes de vie saines,
• la capacité à concilier vie professionnelle et vie privée,
• la mise en place de pratiques organisationnelles centrées sur l’humain,
• le maintien d’un environnement favorable à la santé et à l’épanouissement des salariés.
En outre, 2 500 délégués sociaux déployés à travers le pays travaillent en réseau. Leur mission : reconnaître les signes du mal-être, à l’écoute, aux addictions.
Des efforts côté français, mais pas de vision uniforme
En France, l’évolution de la réglementation et la loi ont poussé les entreprises à changer d’approche. Auparavant focalisées sur la lutte contre les risques psychosociaux, et plus largement la souffrance et le mal-être, elles adoptent progressivement une démarche plus globale, qui tient compte à la fois des conditions de travail et de l’emploi, ainsi que des besoins exprimés par les collaborateurs.
Toutefois, d’importantes disparités sont observées dans l’appréhension du sujet par les responsables des ressources humaines que les directions générales et les partenaires sociaux. Cette hétérogénéité concerne également la place du sujet dans la culture des entreprises, ainsi que leurs degrés de maturité respectifs dans ce domaine.
Deux approches pour la QVT : curation ou prévention
Force est également de relever les différences dans les politiques de mise en place concrète de la QVT. Certaines organisations optent pour des mesures correctives en créant une structure d’écoute active ou un département santé-prévention en interne. Car selon Marie Pezé, spécialiste de la souffrance au travail, un salarié en détresse doit pouvoir se tourner vers une personne spécialement formée pour prendre en charge ce type de situation. Et les collègues de travail représentent pour elle une ressource efficace, mais sous-exploitée.
Au-delà de cette approche parfois jugée simpliste, un nombre croissant d’entreprises optent pour une démarche plus large, œuvrant au quotidien au bien-être individuel et collectif. Dans ce cadre, la direction générale, en particulier la DRH, les managers et les représentants du personnel ne sont pas les seuls responsables de la QVT des collaborateurs. Ces derniers sont également impliqués et doivent participer activement à l’amélioration de leur santé globale et de leurs conditions de travail.
Humanis donne l’exemple avec de multiples initiatives. L’intranet comprend une rubrique QVT et une cellule de soutien psychologique a été ouverte. Le groupe de protection sociale a également élaboré un accord sur le temps de travail : les salariés décident de leurs horaires de travail, sous réserve de respecter le volume horaire minimum convenu.
Par ailleurs, il conduit régulièrement une enquête en interne pour identifier les bonnes pratiques ou des problèmes soumis à des groupes de réflexion. Enfin, chaque année, durant la semaine pour la qualité de vie au travail de l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact), Humanis organise des événements sur l’ensemble de ses sites.
En conclusion
Chaque entreprise peut avoir sa vision de la qualité de vie au travail et sa méthode pour l’aborder, mais pour les experts, une simple charte de bonne conduite ou une solution pour traiter les urgences ou les situations graves ne suffisent pas. Pour une véritable amélioration à long terme, le changement des mentalités et une démarche inclusive sont indispensables, en tenant notamment compte du mode de fonctionnement de l’entreprise, de son modèle managérial, des conditions et de l’environnement de travail, etc.
Source : lemonde.fr/emploi/article/2016/05/27/qualite-de-vie-au-travail-l-entreprise-n-est-pas-seule-responsable_4927902_1698637.html