Étude : la santé mentale des travailleurs est davantage impactée par leurs managers que par leurs médecins
« Pour le meilleur ou pour le pire, les managers ont un impact plus important sur la santé mentale des travailleurs que les médecins et les thérapeutes ». C’est en tout la principale conclusion d’une grande étude réalisée par le WorkForce Institut de UKG, éditeur de solutions RH. Alors que certaines entreprises assignent à leurs managers des missions d’optimisation opérationnelle dans un contexte de crise, ce travail de recherche vient rappeler le rôle décisif de l’encadrement sur la santé mentale au travail. Décryptage…
Les travailleurs français n’ont jamais autant valorisé leur santé mentale
Pour quantifier l’influence de l’environnement de travail, du leadership et du management sur la santé mentale des salariés, le WorkForce Institut de UKG a interrogé plus de 3 400 professionnels opérant dans une dizaine de pays, dont la France.
Premier fait marquant : les travailleurs français ne sont plus prêts à sacrifier leur bien-être pour gagner plus. En effet, 86 % d’entre eux affirment privilégier leur santé mentale sur leur rémunération, et 57 % seraient même prêts à accepter une baisse de salaire pour gagner en qualité de vie. Cette tendance est plus marquée chez les jeunes (70 % pour la génération Z contre 46 % chez les boomers).
Cette conclusion rejoint celle d’une étude antérieure réalisée par la fondation Jean-Jaurès, qui explique que le travail arrive désormais en quatrième position dans la liste des priorités des Français derrière la famille, les amis et les loisirs… un changement marqué par rapport au début des années 1990 où le travail arrivait deuxième, juste derrière la famille. « Ces transformations proviennent avant tout des aspirations des actifs eux-mêmes… aspirations aiguisées par la crise sanitaire, et c’est aux entreprises de s’y adapter », peut-on notamment lire dans le rapport de l’étude.
Les managers et les salariés, égaux face aux ravages du stress au travail
Globalement, les données de l’étude permettent de (re)découvrir le rôle décisif des dirigeants et des managers dans le soutien apporté aux employés au travail et en dehors du travail, mais aussi de mieux comprendre les compromis que les salariés sont prêts à faire en échange d’une plus grande sérénité au quotidien. Synthèse :
- A l’échelle mondiale, 60 % des employés affirment que leur travail est le facteur qui conditionne le plus leur santé mentale ;
- Plus de deux tiers des sondés (69 %) estiment que leurs managers ont un impact bien plus important sur leur santé mentale que leurs médecins (51 %) et thérapeutes… et que leur impact est au moins aussi important que celui de leur conjoint ou partenaire (69 %) ;
- Le stress au travail nuit à la vie de famille (71 %), au bien-être (64 %) et au relationnel (62 %).
En France, les collaborateurs se disent particulièrement « fatigués » et « stressés », avec des indicateurs qui dépassent le plus souvent la moyenne mondiale. Par exemple, 50 % des travailleurs français se disent « souvent » ou « toujours » épuisés à l’issue d’une journée de travail ordinaire (vs. 43 % à l’échelle mondiale).
L’étude a également mis en lumière un « classique » de la dynamique moderne salarié – manager : s’ils sont nombreux à admettre que le problème vient souvent de la charge de travail, 38 % des salariés à l’échelle mondiale avouent n’avoir que rarement (voire jamais) évoqué ce sujet avec leurs supérieurs pour plusieurs raisons :
- « Ils doivent être en mesure de le constater par eux-mêmes » (20 %) ;
- « Mon manager ne s’en préoccuperait pas » (16 %) ;
- « Mon manager est, lui aussi, trop occupé » (13 %).
Si les deux premières raisons citées peuvent être discutées, la troisième est largement confirmée par les principaux intéressés. En effet, 57 % des managers auraient souhaité que « quelqu’un les empêche d’accepter leur poste actuel », et 46 % pensent qu’ils renonceront probablement à leur poste dans les 12 prochains mois. Comme leurs collaborateurs, 70 % des managers se disent disposés à accepter une baisse de salaire immédiate en contrepartie d’une meilleure prise en charge de leur mal-être mental.
En revanche, la perception de l’encadrement et des collaborateurs est radicalement opposée sur l’apport des RH en faveur de la santé mentale. Par exemple, 9 cadres sur 10 estiment que leur département RH est une « bonne ressource » pour le soutien mental, tandis que près de la moitié des salariés disent n’avoir jamais bénéficié d’une action ou d’une initiative de la sorte.
Santé mentale des salariés et des managers : quelles pistes explorer pour progresser ?
La formule magique n’existe pas (évidemment), mais il y a une mesure « fondatrice » qui doit précéder toute stratégie en faveur du bien-être mental : jeter les bases d’un environnement bienveillant dans lequel les individus, salariés comme managers, se sentent suffisamment à l’aise pour exprimer leur ressenti. « Notre recherche montre clairement que de nombreuses personnes souffrent en silence, et les dirigeants doivent éviter la politique de l’autruche pour faire de la santé mentale un sujet majeur », peut-on lire dans l’étude.
L’idée n’est pas de forcer la discussion, mais plutôt de faire en sorte que les collaborateurs soient plus enclins à s’exprimer. « Prenez un moment pour prendre des nouvelles de vos collaborateurs, même si cette action n’entre pas forcément dans votre zone de confort. C’est aussi cela, le leadership ».
Le WorkForce Institut évoque trois « astuces » pour générer quelques Quick Wins :
- Faites preuve d’empathie et prenez les devants. Les managers peuvent parler plus ouvertement de leurs expériences en matière de santé mentale. « En exprimant vous-même votre vulnérabilité, vous créez un espace sûr qui permet aux employés de s’exprimer. Vous pourrez ainsi mieux les aider » ;
- Encourager les congés. Plus d’un quart des salariés (28 %) ne prennent qu’un à quatre jours de congé à la fois, et 85 % d’entre eux n’utilisent même pas tous les jours de congé qui leur sont alloués. Le problème, c’est que 89 % des cadres et 88 % des dirigeants ne le font pas non plus. Les managers doivent encourager les congés annuels et lever les stéréotypes autour des périodes de vacances dans le contexte du culte de la performance ;
- Mettre en œuvre les valeurs de l’entreprise. L’écrasante majorité des salariés (88 %) se réjouissent de travailler et de contribuer au succès des entreprises qui savent insuffler du sens dans leurs missions et instaurer un climat de confiance. En plus de l’impact positif sur le bien-être mental, les valeurs de l’entreprise peuvent donc s’imposer comme des catalyseurs de performance globale.
Le concept de l’éthique managériale propose un cadre intéressant pour relever ces défis, dans la mesure où il prône le dialogue sans jugement, la réflexion active, la clarté sur ses propres conflits en tant que manager (loyauté, idéologie, relationnel) et l’incarnation des valeurs.
Indubitablement, les managers sont amenés à faire évoluer leurs pratiques, que d’aucuns jugent encore trop ancrées dans le taylorisme fondé il y a plus d’un siècle (et encore enseigné aux nouvelles générations).
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