Les troubles musculo-squelettiques sont aujourd’hui la première cause de maladies professionnelles en France et en Europe. D’après Eurofound, Fondation européenne œuvrant pour l’amélioration des conditions de vie et de travail, près de la moitié des salariés européens souffrent de douleurs, principalement dans la partie supérieure du corps (cou, épaules, dos, bras). Outre la santé des travailleurs, ces maux ont un coût socioprofessionnel considérable. Ce type de pathologie doit par conséquent occuper une place centrale dans toute démarche relative à la QVT.
Les multiples causes des troubles musculo-squelettiques
Tendinopathies, cervicalgies, syndrome du canal carpien, lombalgies et autres douleurs musculaires, etc. se manifestent par crises aiguës ou se transforment en maladies chroniques qui réduisent les capacités fonctionnelles des actifs, voire entrainent une incapacité au travail.
Les impacts négatifs pour les entreprises de ces « troubles musculo-squelettiques » sont considérables :
- absentéisme,
- baisse de la performance,
- qualité de service amoindrie,
- dégradation de l’image de marque,
- obligation de reclassement des collaborateurs concernés,
- …
De son côté, la Sécurité sociale doit supporter des coûts d’indemnisation de plus en plus lourds.
Les troubles musculo-squelettiques touchent particulièrement les personnes qui effectuent des tâches répétitives ou dans des métiers pénibles, dans l’industrie, la construction, l’agriculture, la santé (aides-soignantes), les services aux personnes (aides à domicile), le commerce (caissières), etc.
Ainsi, sont plus fortement exposés aux TMS les ouvriers, les employés peu qualifiés, aussi bien chez les salariés âgés que chez les jeunes. Ces publics fournissent des efforts physiques intenses et/ou répétitifs pour la préhension ou la manipulation d’objets, le déplacement de charges, sans compter l’adoption de postures inconfortables du tronc ou encore l’exposition à des vibrations qui se transmettent aux membres ou au rachis…
Toutefois, des études mettent en lumière des problèmes dus à l’hypersollicitation des muscles en raison de l’immobilité posturale. En effet, dans le cas d’un travail continu sur écran ou nécessitant des gestes précis, les salariés restent dans une posture statique pendant de longues heures, provoquant myalgies cervicales ou scapulaires.
L’influence des facteurs psychosociaux sur l’apparition de TMS
Cependant, des facteurs psychosociaux et organisationnels influent également sur la forte prévalence de ces maladies. Le stress, en premier lieu, est pointé du doigt comme une cause majeure de TMS, sous l’effet de plusieurs mécanismes :
- Il accroit la raideur musculaire et la charge dans les muscles et des tendons, entrainant une hausse des troubles musculo-squelettiques.
- Il maintient la tension des muscles, empêchant leur relâchement et créant une fatigue chronique.
- Il empêche la bonne vascularisation des tendons, et l’auto-réparation des micro-lésions des fibres, accélérant l’apparition de myalgies chroniques et de fatigue musculaire
Les facteurs organisationnels, en contribuant au stress, sont indirectement sources de troubles musculo-squelettiques. Ils sont de différents types :
- perte de sens au travail,
- forte pression psychologique,
- faible autonomie au travail,
- manque de soutien ou de reconnaissance de la part des supérieurs,
- pratiques managériales suscitant un sentiment d’injustice.
Enfin, certaines caractéristiques personnelles peuvent favoriser la survenue des troubles, notamment l’âge, le patrimoine génétique, l’anthropométrie, le statut hormonal pour les femmes. Certains soucis de santé peuvent aussi influer, comme le surpoids, le diabète, les rhumatismes inflammatoires, etc.
Une nécessaire prévention des TMS en trois niveaux
La prévention des troubles musculo-squelettiques est d’autant plus cruciale que l’essor de ces troubles est à craindre au cours des prochaines années, en raison de l’augmentation des niveaux de stress au travail causés par la pression économique croissante et du vieillissement de la population active. En outre, dans le secteur tertiaire, l’usage croissant des outils numériques requiert une prévention sérieuse de l’hypersollicitation biomécanique.
La prévention des TMS fait d’ailleurs partie des obligations de l’employeur au titre de la sécurité et la santé face aux risques professionnels. Compte tenu de la multiplicité des causes, une démarche globale est nécessaire, intégrant trois niveaux :
La prévention primaire est la priorité. Elle consiste à évaluer et limiter l’exposition des salariés aux facteurs de risque afin de réduire drastiquement l’incidence des TMS d’origine professionnelle. Pour les situations de travail qui n’ont pu être adaptées dès la phase de leur conception, des actions correctrices sont requises. Les leviers d’action sont nombreux :
- Refonte des modes d’organisation et de production des entreprises, ainsi que des pratiques managériales.
- Allègement de la charge biomécanique : mécanisation des tâches, utilisation d’engins d’aide à la manutention, aménagement des postes et des rythmes de travail.
- Sensibilisation et apprentissage des exercices d’échauffement et d’assouplissement, et d’une activation musculaire régulière.
La prévention secondaire s’applique surtout dans l’industrie. Elle consiste, par le repérage et la prise en charge précoces des employés souffrant de troubles musculo-squelettiques, à réduire l’incapacité temporaire de travail afin d’éviter la transformation des troubles en pathologie chronique.
Enfin, la prévention tertiaire vise à accélérer la reprise progressive et le maintien en emploi, ou la réinsertion professionnelle des travailleurs atteints de TMS chroniques sur un poste adapté sur le plan ergonomique.
Des spécialistes de la Qualité de Vie au travail tels que Preventech Consulting accompagnent les entreprises dans leurs efforts d’amélioration des conditions du travail. Les domaines d’expertise du cabinet sont multiples, entre autres l’ergonomie, la sécurité et la prévention des risques professionnels, dont les TMS, ou encore le bien-être au travail. Ses interventions prennent différentes formes, souvent combinées pour des résultats optimaux : diagnostic, proposition de solutions, élaboration d’une politique de prévention sur mesure, campagne de sensibilisation, formations en ligne ou en présentiel, conférences…
La prévention et la prise en charge des risques professionnels en général, et des TMS en particulier, doivent être à la fois médicales et professionnelles (soins, réadaptation). Ainsi, elle requiert une politique coordonnée qui implique tous les acteurs publics et privés concernés : employeurs, représentants des employés, syndicats, services de santé au travail et pouvoirs publics.