Il n’est pas exagéré de dire que le travail sur écran a pris une place prédominante dans le monde de travail moderne. Celui-ci touche à tous les secteurs, à tous les corps de métiers et est devenu indispensable au fonctionnement de nos entreprises. Toutefois, comme n’importe quel outil, son utilisation apporte son lot de conséquences indésirables pour l’entreprise et ses salariés. Que ce soit par la fatigue visuelle, les pathologies, la sédentarité ou encore l’isolement, le travail sur écran présente son lot de danger auquel nous devons faire face, sans quoi les conséquences pour les travailleurs seront dramatiques.
1. LES TROUBLES MUSCULOSQUELETTIQUES
Qu’est-ce que les Troubles musculosquelettiques ?
Lorsque la situation de travail n’est pas adaptée ou que l’exposition a du travail sur écran de longues durées amplifie grandement le risques d’apparition de « Troubles musculosquelettiques » (TMS). Les TMS sont des atteintes des muscles, des tendons, des nerfs, des ligaments et des vaisseaux sanguins. Lors du travail sur écran, ils peuvent parfois survenir au niveau du cou, du bas du dos ou des membres supérieurs (épaules, coudes, poignets, mains), se témoignant par des douleurs ou des gênes.
Comment s’en protéger ?
Le travail sur écran est assez similaire entre 2 situations de travail. Ainsi, dans la majorité des cas, il implique :
• L’adoption d’une posture statique prolongée du corps susceptible d’engendrer une fatigue musculaire par la sollicitation permanente des muscles. En exemple, lorsque nous consultons notre écran ou lors d’une utilisation prolongée du clavier ou de la souris ;
• Des mouvements répétitifs au niveau des mains, des coudes et des doigts, notamment pour l’utilisation du clavier et de la souris ;
• L’adoption de postures contraignantes en cas d'aménagement inadapté du poste de travail.
2. LA SÉDENTARITÉ
Qu’est-ce que la sédentarité ?
La sédentarité est définie comme une « situation d’éveil caractérisée par une dépense énergétique proche de la dépense énergétique de repos en position assise ou allongée ».
Elle correspond donc à l’ensemble des situations au cours de la journée où nous sommes en position assise ou allongée. Nous parlerons de risques sédentaires lorsque les recommandations hebdomadaires d’activités physiques ne sont pas respectées, soit au moins 150 à 300 minutes par semaine d'une activité d'endurance d'intensité modérée ; au moins 75 à 150 minutes d'une activité d'endurance d'intensité soutenue ; ou une combinaison équivalente d'activités d'intensité modérée et soutenue tout au long de la semaine.
Comment s’en protéger ?
L’OMS recommande aux personnes sédentaires de commencer par une activité physique sur un court laps de temps, tous les jours, avant d’augmenter progressivement la durée, la fréquence et l’intensité.
Il est également conseillé de limiter le temps passé assis. L’utilisation d’un bureau, pour le travail en posture « debout », lorsque cela est possible est très conseillé. Si les mouvements sont restreints en période de télétravail, il est toujours possible de prendre plusieurs courtes pauses « actives » au cours de la journée, c’est-à-dire qu’elles comprennent quelques exercices d’assouplissement, des mouvements de gymnastique ou tout simplement marcher d’un point A à un point B.
Le programme national de nutrition santé conseille par exemple de se lever et faire des mouvements toutes les 2 heures.
Utilisez un vélo ou marcher pour vos déplacements courts, limitez l’utilisation de la voiture aux déplacements qui le nécessite réellement, et n’hésitez pas à inclure votre famille ou vos amis à votre routine active.
3. LA FATIGUE VISUELLE
Actuellement, aucune étude n’a encore pu démontrée que le travail sur écran engendre des pathologies visuelles. Toutefois, travailler devant un écran pendant plusieurs heures peut entraîner une fatigue visuelle, qui se traduit par des sensations de lourdeur, des rougeurs, des picotements, une vision floue (temporaire), des yeux secs, ou encore des maux de tête. La plupart de ces symptômes sont réversibles et disparaissent après le repos. Bien que réversible, ces troubles ne sont pas sans conséquence sur le travail et peuvent à long terme entrainer des complications.
Comment s’en protéger ?
Selon l’INRS, les facteurs de risque de survenue de la fatigue visuelle sont liés :
• À la conception du poste de travail : local climatisé, éclairement inapproprié, écran mal positionné à l’origine de reflets, écran placé trop près de l’utilisateur, mauvaise qualité de l'affichage, hétérogénéité des contrastes (couleur sombre vs couleur claire) entre les différents écrans…
• À l’organisation du travail : temps excessif passé devant l’écran entraînant un manque de pauses en dehors de l’écran.
• Au choix du matériel : écran brillant à l’origine de reflets importants, éclairages artificiels inadaptés, fenêtres non équipées de stores… ;
• Aux caractéristiques individuelles : âge du salarié, troubles visuels (astigmate, myopie, hypermétropie, presbytie) non ou mal corrigés, syndrome de l’œil sec préexistant, etc.
Ainsi, en agissant sur ces facteurs et en permettant l’adoption de pauses régulière dans la journée de travail, il est tout à fait possible de réduire ces symptômes et donc de mieux de se protéger.
4. L’ISOLEMENT EN TELETRAVAIL
Le télétravail s’est fortement installé dans nos entreprises modernes depuis la crise du COVID en 2020. Bien qu’aux premiers abords cela s’annonçait comme une révolution et un gain de temps pour les salariés, le télétravail est finalement facteur des mêmes risques qu’au bureau avec en plus l’apparition de nouveaux risques psychologiques liés à l’isolement.
Les facteurs de risques du télétravail
De nombreux facteurs de risques, dont notamment l’isolement, sont à présent identifiés pour les salariés en télétravail. Parmi eux, peuvent être cités :
• Isolement du collectif voire sentiment d’abandon,
• Modification des relations interpersonnelles,
• Difficultés à accéder aux informations,
• Questionnement sur le sens du travail,
• Difficultés à gérer les problèmes techniques,
• Baisse de motivation,
• Sentiment de déshumanisation dans la relation d’encadrement à distance (contrôle, reporting…),
• Temps de travail recomposé et difficile conciliation des temps de vie professionnelle et personnelle,
• Gestion de la charge : surcharge ou sous-charge de travail,
Selon une étude récente, 65% des télétravailleurs éprouvent un sentiment d'isolement qui affecte leur bien-être mental. Ce ne sont donc pas juste quelques cas isolés mais bien un souci général.
Toutefois, l'isolement ne se limite pas à un sentiment de solitude. Il peut avoir graduellement un impact sur la motivation et sur la performance. En effet, l’absence d’interactions sociales régulières limite l’engagement personnel et diminue l’efficacité des travailleurs. L'isolement peut donc entraîner des répercussions profondes sur la santé mentale et la productivité.
Comment se protéger de l’isolement ?
Lorsque le télétravail est ponctuel, les sentiments d’appartenance et d’utilité, ainsi que les liens communautaires tissés à travers les interactions interpersonnelles, sont globalement préservés, à condition que les horaires au bureau soient communs entre les équipes.
Dans le cas contraire, ou lorsque le télétravail est imposé sur l’ensemble du temps de travail, c’est à ce moment que l’isolement fait des ravages.
Pour limiter cela, certaines recommandations sont à prendre en compte :
• Former les managers à l’encadrement des télétravailleurs : le management à distance implique de nouveaux outils et une nouvelle organisation de leur activité, pouvant entraîner des répercussions sur leurs équipes. En ce sens, ils devront bénéficier de toute l’attention de leur direction pour maintenir un management bienveillant.
• Faciliter les échanges et limiter le sentiment de travail isolé : l’absence d’interaction directe peut entrainer une dégradation du lien managérial qu’il faut compenser. Dans la mesure du possible, il est recommandé de prévoir au minimum une journée par semaine de présentiel pour les télétravailleurs, et ce, avec leurs collègues afin de créer du lien social. La mise en place d’un planning ou d’un tableau de présence peut être une solution pour que chacun sache comment contacter son collègue/manager.
• Réaliser des points réguliers avec les télétravailleurs : afin de savoir comment ils vivent le télétravail et ainsi repérer les éventuelles difficultés dès leur apparition.
• Donner du sens au travail : dans toute réorganisation d’activité, il est important de lister les activités prioritaires, de façon individuelle et collective. C’est autour de cette priorisation que le manager et son équipe s’entendront sur les objectifs. Tout cela basé sur un mode de reporting utile et non de surcontrôle afin d’éviter une charge mentale importante aux collaborateurs.
Le télétravail, de par ses particularités intrinsèques, nécessite une confiance interpersonnelle plus importante, elle se traduit par le besoin d’une plus grande latitude décisionnelle dans le « comment faire » pour chacun des collaborateurs.
Enfin, le feedback et la reconnaissance permettent de maintenir le sentiment d’appartenance et d’utilité, contribuant ainsi à diminuer la sensation de travail isolé.
CONCLUSION
L’apparition du travail sur écran a été bénéfique pour le développement du monde du travail. Toutefois, il a également été facteur de nombreux risques que nous devons traiter au quotidien pour qu’ils ne nuisent pas à la santé physique et mentale des travailleurs. La sédentarité, les TMS, la fatigue ou encore l’isolement peuvent être un calvaire pour les travailleurs, mais des solutions comme la formation, la sensibilisation et l’aménagement des temps de travail et/ou des lieux peuvent faire la différence et permettre non seulement aux entreprises de gagner en productivité, mais également aux collaborateurs de préserver leur santé et leur bien-être. L’entreprise a alors toutes les cartes en main pour atteindre cet objectif.
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