Quatrième cause de mortalité évitable, la sédentarité peut être combattue au quotidien. Et ce, même durant le travail en effectuant des pauses régulières pour marcher et faire des exercices d'étirement.
Combien d’heures passez-vous devant l’écran sans vous lever ou accomplir quelques mouvements ? La question mérite réflexion à l’heure où le confinement et le télétravail augmentent le risque de sédentarité. Rappelons que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) considère ce mode de vie comme la quatrième cause de mortalité dans le monde. De multiples études menées partout dans le monde confortent cet avis. En témoigne la française Audrey Bergouignan, chercheuse à l’institut pluridisciplinaire Hubert Curien de Strasbourg. Dans une interview accordée au journal du CNRS , cette biologiste démontre comment la position assise tout comme le manque d’activité physique bouleversent notre métabolisme.
Dérèglements du métabolisme
Audrey Bergouignan s’appuie sur des études menées à la Clinique de l’espace à Toulouse afin d’étudier les effets de la sédentarité sur tous les paramètres de notre santé. Entre autres, la masse musculaire, la densité osseuse, les hormones et le métabolisme. Les résultats de ces études montrent que chez des personnes minces et en bonne santé, on observe au bout de quelques jours seulement des dérèglements métaboliques identiques à ceux observés chez les personnes diabétiques ou obèses. Notamment dans l’utilisation des lipides et des sucres par le corps.
Résistance à l’insuline
En effet, le corps tend à moins brûler les lipides qui vont s’accumuler dans des tissus comme les muscles, les os, le foie ou le pancréas. Autre impact de la sédentarité, une résistance aux effets de l’insuline, l’hormone qui donne au corps le signal d’utiliser les glucides en circulation dans le sang. « Cette insulinorésistance, qui précède le pré-diabète et le diabète de type 2 (non génétique), s’observe au bout de trois jours seulement ! », indique la chercheuse qui estime toutefois que lorsque l’arrêt de l’activité physique ne dure que quelques semaines, l’hyperlipidémie et la baisse de sensibilité du corps à l’insuline sont réversibles.
Risques d’affections chroniques accrus
L’ergonome Matthieu Petit dirige le cabinet Eose. © DR
Pratiquer une activité physique régulière est d’autant plus indispensable qu’une sédentarité de plus de cinq heures par jour augmente les risques d’affections chroniques, comme le diabète, les maladies cardiovasculaires, l’hypertension artérielle ou encore l’ostéoporose. C’est du moins ce que rapporte Matthieu Petit, ergonome et président d’Eose, un cabinet de conseil en prévention et qualité de vie au travail. Ce dernier rappelle que plus on avance dans l’âge, plus il y a de risques associés à la sédentarité.
Réduction de sept ans de l’espérance de vie
Ainsi une personne ayant travaillé assise plus de six heures par jour sur un laps de temps supérieur à dix ans réduirait son espérance de vie de sept ans et verrait son risque de développer une maladie cardiaque grimper de 64 %, selon une étude parue en 2012 dans la revue Diabetologia. Plusieurs études semblent aussi montrer que l’inactivité physique augmente les troubles d’ordre psychique tels que la dépression et l’anxiété.
Pause régulière toutes les heures
Pour éviter ces différents risques, ce préventeur recommande d’effectuer des pauses régulières durant le travail. Par exemple, se lever toutes les 30 minutes pour effectuer quelques pas. Ou exécuter quelques étirements au moins toutes les heures. Dans l’idéal, il faudrait accomplir 20 minutes d’activité physique pour une heure de travail. Ce qui semble difficile à mettre en place. Certaines entreprises font néanmoins quelques efforts en invitant leurs salariés à faire de l’éveil musculaire ou des étirements à leur poste. Une méthode qui permet à la fois de prévenir les TMS mais aussi de lutter contre les effets de la sédentarité.
Les réunions debout sur un tapis roulant permettent de combattre la sédentarité. © Activup
Utiliser un vélo-bureau ou un bureau tapis-roulant
Concernant l’environnement de travail, Matthieu Petit suggère de troquer dans la journée de travail le siège de bureau contre un Swiss Ball, sorte de gros ballon sur lesquels s’asseoir pour des durées courtes de 15 à 30 minutes. Autre piste, utiliser un vélo-bureau ou un bureau tapis-roulant pour lire ses mails ou téléphoner tout en restant en mouvement. Qu’en est-il d’ailleurs des bureaux debout et assis-debout ? Sur ce point, le préventeur nous renvoie vers une étude parue dans Applied Ergonomics en 2019. Les auteurs estiment que ces mobiliers de bureau auraient un bénéfice très restreint pour la santé par rapport à un bureau classique.
Source : Eliane Kan – Infoprotection