Le ministère du Travail a dévoilé les résultats de son enquête sur les risques professionnels. Si la plupart des contraintes physiques et des violences morales ont diminué ces dernières années, le niveau de souffrance au travail reste élevé. Les secteurs d’activités et catégories de salariés sont néanmoins inégalement impactés.
Les salariés inégaux face à la souffrance au travail
D’après le rapport ministériel, 27 % des salariés subissent une situation de stress au travail. Les trois secteurs les plus durement touchés sont la santé, l’hébergement-restauration et la banque. Des inégalités sont également observées entre les catégories, puisque les employés et les ouvriers représentent la grosse majorité des personnes qui souffrent de job strain, à l’inverse des cadres.
Bien que ces derniers aient de nombreuses responsabilités et font face à un rythme intense, ils disposent généralement des ressources nécessaires et bénéficient d’une autonomie importante dans l’organisation de leur temps en définissant un ordre de priorité pour leurs tâches. Seulement, contrairement à eux, de nombreuses personnes subissent diverses contraintes, qui génèrent de la souffrance :
- surcharge de travail,
- respect de normes et procédures,
- délais serrés,
- multiplication des rapports d’activité ou contrôle sévère,
- manque d’écoute et de soutien des managers,
- absence de marge de manœuvre, surtout face aux imprévus.
Des causes insuffisamment prises en compte par les employeurs
Or, une situation de tension au travail entraîne chez les victimes une augmentation du risque de développer des problèmes de santé physique et mentale graves :
- maladies cardiovasculaires (hypertension, accidents vasculaires cérébraux, insuffisance cardiaque, infarctus, thromboses veineuses, etc.),
- troubles musculo-squelettiques,
- dépression, troubles du sommeil, burn-out…
Les conclusions de l’enquête montrent une aggravation de la tension au travail depuis le début des années 2000. En revanche, les violences morales sont en baisse par rapport au pic observé en 2003. La prévention des risques psychosociaux progresse au sein des grandes entreprises, mais les mesures visent principalement à identifier les salariés en danger et à les protéger.
Or, selon les experts, les comportements hostiles sont la plupart du temps dus à une mauvaise organisation du travail (manque d’autonomie, charge psychologique, style de management…). Seulement, les politiques de gestion des risques psychosociaux en place traitent les symptômes et non les causes.
Des risques encore accrus dans certains secteurs
Quant aux contraintes physiques, une étude de la Dares datant de 2019 souligne un risque toujours élevé lié à l’exposition aux produits chimiques avec des substances cancérigènes (10 % des salariés). Certains publics sont particulièrement menacés : les ouvriers du bâtiment avec l’amiante et les poussières, les techniciens de la maintenance qui manipulent des huiles minérales et autres produits toxiques présents dans les équipements, les moteurs.
Le bruit continue également à impacter les ouvriers de la métallurgie et du BTP, avec comme conséquences une diminution des capacités auditives et une hausse des risques de dépression.
Et avec le Covid-19, la situation des salariés les plus exposés aux risques psychosociaux a empiré, en particulier en termes d’intensité du travail, de manque d’autonomie et de faculté d’adaptation aux nombreux aléas liés ou non au métier. C’est notamment le cas des professionnels de la santé. La publication d’une nouvelle étude sur cette problématique est donc attendue.
Source : ouest-france.fr/economie/entreprises/vie-de-bureau/violences-morales-au-travail-on-traite-le-symptome-sans-forcement-traiter-la-cause-6971154