Une nouvelle étude publiée par Santé Publique France, en partenariat avec l’Inspection médicale du travail, examine l’évolution des maladies à caractère professionnel (MCP) de 2012 à 2018. Les signalements, dont le nombre est en hausse, concernent essentiellement les troubles musculo-squelettiques (TMS) et la détresse psychologique.
Les TMS et la souffrance psychiques sont les plus représentés parmi les signalements de MCP
Au cours de la période 2012-2018, 1 375 médecins du travail ont participé au programme MCP, qui a permis l’examen de plus de 40 000 salariés rien qu’en 2018. Globalement, le pourcentage de signalements de MCP s’affiche en nette augmentation entre 2016 et 2018 (+40 % et +50 % chez les hommes et les femmes). Les TMS et la détresse psychologique sont les principales MCP signalées.
Les chiffres mettent en évidence une progression du nombre de cas de TMS à partir de 2015, tandis que la prévalence de la détresse psychologique montre une croissance continue depuis 2017. Les TMS affectent plus souvent les femmes que les hommes (2,8 % à 4,4 % en moyenne annuelle), tout comme la souffrance psychique (3,5 % à 6,2 % en moyenne annuelle). La fréquence de la détresse psychologique est la plus marquée pour les femmes dans la tranche des 35-44 ans et pour les hommes dans la tranche des 45-54 ans. Le métier exercé a également une influence sur les types de MCP.
- Les ouvriers sont les premiers touchés par les TMS, à 80 % pour des causes biomécaniques (mouvements répétitifs, posture, travail avec force).
- À l’inverse, les cadres semblent plus représentés parmi les victimes de souffrance psychique, même si ces résultats sont à prendre au conditionnel, les ouvriers étant moins enclins à déclarer de tels cas.
La sous-déclaration des MP empêche une prévention et une prise en charge efficaces
La déclaration des maladies professionnelles éligibles à un tableau de reconnaissance constitue d’ailleurs un enjeu majeur. Par manque d’information des employés sur la procédure en amont de la consultation avec le médecin du travail, et d’un diagnostic insuffisant, près de trois TMS sur quatre n’ont pas été déclarés en tant que MCP. Et malheureusement, la souffrance psychique ne dispose pas encore d’un tableau de reconnaissance spécifique.
Pourtant, un suivi rigoureux et une sensibilisation des travailleurs permettraient d’améliorer la connaissance des situations à risque et de mettre en place une détection et prise en charge précoces et efficaces. Elle faciliterait par ailleurs la priorisation et le ciblage des actions de prévention des risques professionnels.
Avec l’accompagnement d’un spécialiste du bien-être au travail tel que le cabinet Preventech Consulting, les entreprises travaillent sur l’amélioration des conditions de travail en général et la diminution de l’exposition aux risques professionnels identifiés dans leur secteur ou le métier. Le bond du taux de signalement des MCP relevé pour les actifs de plus de 45 ans montre l’importance d’accorder une attention accrue aux travailleurs plus âgés et de prendre des mesures adéquates pour favoriser leur santé et le bien-être afin de préserver leur employabilité à long terme.
Les principaux facteurs en cause dans les TMS et la souffrance psychique
En plus des agents chimiques, biologiques, physiques ou biomécaniques, les MCP trouvent leur origine dans les facteurs organisationnels, relationnels et éthiques, désignés par l’acronyme « FORE ».
Ceux-ci englobent plusieurs aspects susceptibles d’impacter la santé des travailleurs, notamment :
- l’organisation au sein de l’entreprise,
- les relations interpersonnelles,
- l’éthique.
En se basant sur les résultats des visites médicales en santé au travail, Santé Publique France a pu mener sa première analyse du rôle des FORE dans l’apparition des TMS et la détresse psychologique des employés, ainsi que l’évolution de ces troubles au fil du temps.
Les conclusions révèlent, sur la période 2009-2017, les femmes étaient plus fréquemment sujettes à la souffrance psychique ou aux TMS associés aux FORE que leurs collègues masculins. Des écarts sont également notés selon les catégories socioprofessionnelles, avec davantage de personnes touchées parmi les cadres (hommes et femmes), ainsi que les professions intermédiaires ou employés (hommes) par rapport aux ouvriers.
Plus de 90 % de ces facteurs FORE portaient sur :
- Les « pratiques managériales », en lien avec 33 % des TMS et 50 % des cas de la souffrance psychique.
- La « relation au travail et la violence », à l’origine de 10 % des TMS et 33 % des situations de détresse psychologique.
- Les « contraintes directement liées à l’activité », liées à 50 % des TMS et 10 % des victimes de souffrance psychique.
Une publication est attendue prochainement concernant les FORE à l’origine des troubles psychiques les plus fréquemment signalés dans le programme de surveillance des MCP.