Pour travailler efficacement dans des environnements à températures extrêmes, qu’elles soient froides ou chaudes, il est crucial de mettre en œuvre des stratégies de prévention adaptées afin de protéger la santé et la sécurité des employés. Les risques liés au travail dans le froid, tels que l’hypothermie, le syndrome de Raynaud, les engelures, et même l’intoxication au monoxyde de carbone, soulignent la nécessité d’une préparation et d’une réponse appropriées face à ces conditions. Les solutions proposées, comme l’aménagement des postes de travail, l’organisation du travail, le choix des vêtements et équipements de protection adaptés, et les précautions contre le monoxyde de carbone, constituent un bon point de départ.
Prévention dans les ambiances thermiques froides
Les vagues de froid ne sont pas seulement synonymes de paysages enneigés et de frissons passagers, elles cachent des conséquences, souvent sous-estimées, bien plus sombres pour la santé. En effet, les dangers ne s’arrêtent pas aux accidents de trottoir, mais peuvent avoir un impact direct sur les pathologies cardiovasculaires (en particulier les maladies coronariennes et les accidents vasculaires cérébraux). Parmi les réponses physiologiques au froid, on note également l’hypothermie, le syndrome de Raynaud, et les engelures, témoignant ainsi de son action pernicieuse sur le corps humain.
De plus, la baisse des températures augmente la raideur musculaire et diminue la circulation sanguine, exacerbant douleurs et inflammations pouvant conduire à des troubles musculosquelettiques. La fatigue accrue est, elle aussi, une autre conséquence directe, le corps dépense une énergie considérable pour maintenir sa température interne, réduisant ainsi la vigilance et augmentant le risque d’accident en milieu professionnel.
Par ailleurs, un danger souvent méconnu, mais tout aussi mortel : l’intoxication au monoxyde de carbone. Ce type de tragédie survient principalement lors de l’activation des systèmes de chauffage, et qui souligne l’importance de l’entretien régulier des installations dans les locaux professionnels disposant de ce type d’équipement.
Ces effets délétères du froid sur la santé sont un rappel de la nécessité d’adopter des mesures préventives adéquates, tant au niveau individuel que collectif. La préparation des infrastructures, l’information des salariés sur les bons gestes à adopter et l’entretien rigoureux des équipements de chauffage ou appareils générant du monoxyde de carbone sont autant de stratégies pour contrer les risques associés aux périodes de grand froid.
Des solutions pour un travail plus sûr
Il est impératif de rappeler l’obligation de l’employeur à veiller à la sécurité et à la santé physique et mentale de ses salariés, conformément aux dispositions du Code du travail [Articles L. 4121-1]. Cette responsabilité inclut l’intégration des risques associés au chaud et au froid dans le document unique d’évaluation des risques professionnels (DUERP) ainsi que l’élaboration et l’application d’un plan d’action visant à introduire des mesures correctives appropriées.
Une Instruction interministérielle relative à la « prévention et la gestion des impacts sanitaires et sociaux liés aux vagues de froid 2023-2024 » publiée fin 2023, détaille les mesures complémentaires à prendre par l’employeur pour assurer la sécurité et la santé des travailleurs. Ces mesures intègrent une approche holistique de prévention à travers l’aménagement, l’organisation et l’équipement sur le lieu de travail. On retrouve :
- L’aménagement des postes de travail : Cela inclut le chauffage adéquat des espaces de travail, la mise à disposition de boissons chaudes, des moyens pour sécher et stocker des vêtements de rechange, ainsi que des aides à la manutention pour alléger la charge physique et limiter la transpiration.
- L’organisation du travail : Il s’agit de planifier les activités extérieures, limiter le temps passé au froid, notamment pour les travaux sédentaires, et organiser des pauses adaptées avec des temps de récupération supplémentaires après une exposition à de très basses températures.
- Les vêtements et équipements de protection adaptés : Les tenues doivent offrir une protection efficace contre le froid tout en permettant de conserver mobilité et dextérité, et être compatibles avec d’autres équipements de protection individuelle utilisés simultanément.
- Les précautions contre le monoxyde de carbone : Pour les appareils à moteur thermique utilisés dans des locaux professionnels (disqueuses, foreuses, groupes électrogènes, etc.), l’employeur doit suivre les recommandations spécifiques pour prévenir les risques d’intoxication au monoxyde de carbone, avec une vigilance accrue dans les locaux fermés ou peu aérés (exemple : bâtiment en chantier – dont les ouvertures ont pu être volontairement obturées du fait des basses températures extérieures).
Ce que Prévoit la Législation du Travail
Le Code du travail impose aux employeurs des obligations pour atténuer les risques liés au froid, telles que l’assurance d’un chauffage adéquat des espaces de travail fermés afin de maintenir une température appropriée et prévenir les émanations nocives. L’INRS recommande de maintenir une température entre 20 et 24 °C. Il est également souligné l’importance d’adapter la température dans les locaux annexes, tels que les espaces de restauration et de repos, les sanitaires, ainsi que les zones réservées aux travailleurs de garde ou aux premiers secours.
Pour les postes de travail extérieurs, le Code du travail précise certains points :
- Les postes doivent être aménagés de telle sorte que les travailleurs « soient protégés contre les conditions atmosphériques » [Article R4225-1]
- L’employeur doit fournir gratuitement les équipements de protection individuelle et les vêtements de travail, assurant « leur bon fonctionnement et leur maintien dans un état hygiénique satisfaisant par les entretiens, réparations et remplacements nécessaires » [Article R4323-95].
- Les travailleurs doivent avoir accès à un local ou à des aménagements de chantier conçus pour protéger leur santé et sécurité face aux conditions climatiques [Article R4534-142-1].
Par ailleurs, il est nécessaire que l’employeur collabore avec le médecin du travail et le comité social et économique (CSE) pour instaurer toutes les mesures de prévention requises contre le froid et les intempéries. Cette approche collaborative est cruciale pour une bonne gestion des risques associés aux basses températures sur le lieu de travail [Article R4223-15].
Conclusion
« En adaptant leurs pratiques aux besoins spécifiques de chaque profession et en adoptant une approche proactive de prévention, les entreprises peuvent réduire significativement les risques liés au froid, assurant ainsi non seulement la sécurité et la santé de leurs employés, mais contribuant également à l’amélioration de leur performance.
L’innovation se révèle être un allié précieux dans cette démarche, offrant des solutions avant-gardistes comme des vêtements chauffants intelligents et thermorégulant, ainsi que des équipements de protection individuelle (EPI) connectés qui permettent une surveillance continue des paramètres vitaux.
Ce travail collectif nous rappelle que la prévention et la protection contre le froid ne sont pas seulement une question de conformité réglementaire, mais aussi une manifestation concrète de la responsabilité sociale des entreprises envers leurs employés.
Pour rappel, La vigilance grand froid est activée du 1er novembre au 31 mars (avec une marge de manœuvre si la situation météorologique l’exige).